par Francisco J. S. Alves
I. La législation du patrimoine archéologique nautique et subaquatique au PortugalLa Loi nº 13/85, du 6 juin 1985, constitue le cadre juridique de base du patrimoine culturel portugais. Cette loi a un chapitre (IVème) concernant spécifiquement le patrimoine archéologique, étant entendu explicitement que celui-ci inclue celui qui se trouve sur le lit ou le sous-sol des eaux intérieures ou térritoriales, s’affermissant par cette voie l’encadrement juridique pour la premiére fois défini en 1970 au Portugal vis à vis de cette aire spécifique du patrimoine archéologiquei. Cette Loi definit:
La Loi de 1985 avait été précédée, d’ailleurs, par l’Arreté (Portaria) nº 269/78, du 12 mai, dit ‘des travaux archéologiques’ appelé ‘règlement des travaux archéologiques’iii, qui énnonçait les critères spécifiques auxquels sont soumises les autorisations de fouilles et de prospections archéologiques, et qui suivait déjà les principes aujourd’hui consacrés internationalement. Récémment, cet Arreté a été substitué par le Décret-Loi nº 270/99, du 15 juillet, qui aprouve le ‘Règlement des Travaux Archéologiques’ et qui, explicitement, s’applique conjointement au domaine subaquátique. Ce diplôme qui s’encadre dans la logique de la récente (1997) création de l’Instituto Português de Arqueologia et de la législation spécifique du patrimoine archéologique subaquatique (voir ci-dessous), contient plusieurs innovations, parmi lequelles se détache un classement des travaux archéologique en quatre catégories:
Ce diplome actualise le régime antérieur et met l’accent sur plusieus aspects névralgiques du régime des fouilles archéologiques, nottament les délais de présentation des rapports et de la publication des résultats, réglementant les aspects relevant des droits d’auteur des archéologues résponsables et de la destinée du mobilier archéologique récupéré. Il faut référer qu’auparavant le Décret-Loi nº 117/97, du 14 mai, est venu créer l’Instituto Português de Arqueologia et le Centro Nacional de Arqueologia Náutica e Subaquática (CNANS) au sein de celui-ci. Ce Centre exerce donc les compétences de l’IPA dans le cadre du patrimoine nautique et subaquatique (notament par délégation de pouvoirs) et dispose d’une autonomie spécifique, possédant notament un cadre du personnel et budgets propres. De même, le Décret-loi nº 164/97, du 27 juin, est venu définir le cadre juridique spécifique de l’archéologie nautique et subaquatique au Portugal. Ce diplome, publié à la suite d’un tournant politico-culturel de 180 degrés, est venu notament révoquer le précédent diplome, qui en 1993 a réglementé cet aire du patrimoine archéologiqueiv – à contre-courant des principes fondamentaux de l’archéologie moderne et sur lequels se base la recherche et la gestion dans ce domaine spécifique – notament ceux de la Charte de l’ICOMOS (Sofia, 1995). Tel est le cas de l’exploitation commerciale du patrimoine subaquatique, que ce diplome contemple et favorise par le biais d’un régime de concéssion d’exploitation d’aires geographiques plus ou moins étendues et de payement de bénéfices avec les biens archéologiques récupérés eux-mêmes. Ce régime, qui est inspiré dans les principes de l’exploitation des recources naturelles, n’a rien à voir avec les principes, notamment d’éthique, de l’archéologie moderne. Par la suite, l’Arreté nº 51/98, du 4 février, est venu établir l’échelle des récompenses à attribuer par l’État aux inventeurs de contextes archéologiques cohérents et définis, sur base du critère de l’importance scientifique de chaque découverte, exprimée par une échelle de trois niveaux: le premier concerne les contextes archéologiques d’importance ‘élémentaire’ (dont la récompense peut s’élever jusqu’à 1 million d’escudos); le deuxiéme les contextes archéologiques ‘de grande importance’ (dont la récompense peut s’élever jusqu’à 3 millions d’escudos); et le troisième les contextes archéologique ‘d’importance exceptionelle’ (dont la récompense peut s’élever jusqu’à 5 millions d’escudos). De référer, finalement, la publication, toute récente, de la Loi nº 121/99, du 20 août, définissant le régime d’utilisation de détecteurs de métaux en archéologie. Bien qu’un dispositif semblable ait déjá étè prévu dans le cadre du patrimoine archéologique subaquatique (article 8 du D.-L. nº 164/97, du 27 juin), ce dispositif sort naturellement renforcé par ce diplôme là, étant donné qu’il émane du Parlement. Ce tableau resterait incomplet si on ne référait pas l’apport décisif de la législation sur l’environnement vis à vis des dispositifs de sauvegarde du patrimoine archéologique – et, par extension, de celui-ci dans le domaine nautique et subaquatique. Cette législation prend son départ avec le Décret-Loi nº 186/90, du 6 juin, qui introduit dans le Droit interne les normes constantes de la Directive communautaire nº 85/337/CEE, du Conseil, de 27 juin 1985, rélative à l’évaluation des effects de certains projets publiques et privés sur l’environnement. Ainsi, ce diplome refère explicitement que les Évaluations d’Impactes Environementaux des projets de ce type doivent tenir compte de leurs effets directs ou indirects sur le patrimoine culturel (article 2-1-d). Ce diplome est par la suite complété par le Decret Règlementaire nº 38/90, du 27 novembre, qui explicite les normes de ces Évaluations d’Impactes Environementaux. Ainsi, en vue de l’élaboration des EIE les responsables/propriétaires (‘donos’) des projects (‘obras’) doivent présenter préalablement à l’entité qui emet les licences, un Étude d’Impacte Environnemental qui tienne notamment en ligne de compte le patrimoine archéologique – aussi bien du point de vue de sa ‘‘Situation de référence actuelle et perspectives d’évolution du local de la zone environante (…)’’ (article 2-1-b), que du point de vue des ‘‘Incidences sur l’environnement et mesures mitigatrices’’(article 2-1-c). II. La gestion du patrimoine archéologique nautique et subaquatique au PortugalJusqu’au début des années 90 le Portugal était l’un des rares pays européens sans tradition de gestion et de recherche dans le domaine du patrimoine culturel subaquatiquev. Sous la pression de lobbies nationaux et internationaux de ‘chasse aux trésors’, en 1993 fut publiée une législation, favorable à l’exploitation commerciale de ce patrimoinevi, menant à une vraie course à la présentation de candidatures pour la concession d’exploitations de larges zones de la côte continentale et insulaire portugaise. Le mouvement d’opposition à cette législation a cependant réussi à gagner la bataille de l’opinion publique, bénéficiant de la lutte menée en parallèle pour la sauvegarde des gravures rupestres de la vallée de Côa – aujourd’hui classées Patrimoine de l’Humanité – et des transformations politico-culturelles qui ont eu lieu à la fin 1995vii. Ainsi, en 1997, l’autonomie de l’administration du patrimoine archéologique a étè consacrée avec la création de l’Instituto Português de Arqueologia et du Centro Nacional de Arqueologia Náutica e Subaquática (CNANS) dans sa dépendance. Une nouvelle législation spécifique au patrimoine archéologique subaquatique et inspirée dans les principes de la Charte de Sofia a étè publiée par la suite, révoquant celle de 1993viii (Alves, 1999a, c). Par coïncidence, à partir de 1992, une série de découvertes de grande importance scientifique et patrimoniale est venue demistifier l’un des plus persistant et fallacieux argument des défenseurs de la ‘chasse au trésor’. En 1994, à la ria d´Aveiro, l’épave d’un navire datant de la moitié du XVe siècle a été identifiée, le tumulus de sa cargaison de ceramiques communes ayant été découvert fortuitement en 1992 (Alves, 1998a e Alves et al. 1998a). En 1995, dans les travaux du métropolitain de Lisbonne, a étè découverte l’épave d’un navire de la fin du XVe/début du XVIe siècle, dans la zone riveraine du Cais do Sodré (Rodrigues, 1998). En 1996 a débutée la fouille de l’épave de la ria de Aveiroix qui, pendant l’été 1999, a étè finalement démontée et récupérée totalement (Alves, 1999d). Encore en 1996, également dans les travaux du métropolitain de Lisbonne, a étè découverte l’épave d’un navire datant de la fin du XIVe siècle, dans la zone riveraine du Corpo Santo, près du Cais do Sodré (Alves, 1998). En 1997, à la Praça do Município, à l’endroit de l’historique chantier naval de la Ribeira das Naus, ont été découverts plusieurs bois de varangues pré-traitées, correspondant à la matière première entreposée, typique d’un tel chantier (Alves, Ibidem). Cette année là encore, et ce jusqu’à la fin 1997, s’est dévelopé un projet de recherche archéologique subaquatique incidant sur la zone d’une partie de l’épave qu’on présume être la ‘nau da Índia’ Nossa Senhora dos Mártires, coulée à la barre du Tage en 1606 à son retour de Cochin, dont les indices avaient été fortuitement découverts en 1993/94. Intégré au Programme du Pavillon du Portugal à l’Exposition Universelle de Lisbonne-Expo’98 (Alves et al., 1998b) ce projet, actuellement repris, a produit des résultats scientifiques et patrimoniaux significatifs, tant au niveau des vestiges découverts, comme au point de vue de l’étude des structures architecturales préservées (Castro, 1998). L’exemplarité internationale des transformations politico-culturelles et des découvertes ayant eu lieu au Portugal ces dernières années dans le domaine du patrimoine culturel subaquatique, et la célébration en 1998 de l'Année Internationale des Océans et de l'Expo’98, ont amené à la réalisation en septembre de cette année-là d’un symposium international sur ‘l’Archéologie des Navires Médiévaux et Modernes de Tradition Ibero-Atlantique’, par l’initiative du CNANS, en collaboration avec l’Academia de Marinha. Ce Symposium a eut un grand retentissement international, non seulement par le nombre et la qualitée des conférenciers et des inscrits, mais aussi par l’actualité scientifique des communications présentées. Il faut mentionner qu’à la veille de l’ouverture du Symposium a eu lieu la réunion du comité international du patrimoine culturel subaquatique (ICUCH) de l’ICOMOS et que, pendant la première après-midi de l’évènement, a été présenté par l’UNESCO un panneau sur le projet de convention internationale pour la protection du patrimoine culturel subaquatique, en cours de rédaction. Une telle présentation ne serait pas complète sans une référence aux autres importants aspects de la jeune expérience portugaise dans le domaine de la gestion du patrimoine culturel subaquatique de puis la création du CNANS en 1997. L’un d’eux est liée à l’importance particulière que le CNANS donne au rôle des plongeurs amateurs dans le cadre de sa stratégie de protection, inventaire, étude et valorisation du patrimoine archéologique subaquatique. Cette attention se résume en trois mots: reconnaissance, participation et formation. L’un des aspects essentiels du premier est illustré par le développement soutenu des procès d’attribution des récompenses aux inventeurs fortuits, déclarants officiels de vestiges archéologiques subaquatiques. Légalement prévues, ces récompenses traînaient depuis trois décennies par faute d’une gestion spécifique, cristallisant l’idée d’un État mauvais payeur et inefficace, n’incentivant pas le développement d’une étique de responsabilité qui tient comme inhérent un principe de réciprocité. C’est un pari pour le CNANS essayer de résoudre cette situation à court terme, certaines récompenses ont déjà été atribuées aux plus importantes découvertes des dernières années au Portugalxi. Pour ce qui est de la notion de participation, le CNANS a pour axiome de sa raison d’être la création d’un réseau national de collaborateurs et correspondants, seule façon de promouvoir une circulation adéquate de l’information – condition de base au succès d’une politique de sauvegarde dans ce domaine. De ce point de vue, la participation de volontaires dans toutes ses activités est un présupposé de base, l’aspect le plus concret étant la collaboration de volontaires, avec l’encadrement scientifique et opérationnel nécessaires, dans des projets spécifiques, sur le terrain ou en arrière plan, développés sous sa responsabilité (Ria de Aveiro, São Julião da Barra, par exemple). En ce qui concerne la problématique de la formation, que le CNANS considère la question majeure, dans l’absence d’un système de niveau supérieur au Portugal dans son domaine, la première mesure prise a étè d’encourager et soutenir une formation de ce niveau à l’étrangerxii. En outre, indépendamment de l’encadrement et de l’orientation qu’il garanti sous forme de stages pratiques, notamment dirigés aux étudiants, le CNANS assure aussi l’organisation de cycles spécifiques de formation théorique interdisciplinaire, dont un exemple cette année a étè l’organisation d’un Séminaire d’Initiation à l’Archéologie Nautique et Subaquatique, avec la durée d’un trimestre, (13 scéances, 26 cours, 39 h.). De même, le CNANS est en train de préparer la relance des cours intensifs d’initiation à l’archéologie subaquatique, de caractère théorico-pratique, surtout adressés aux plongeurs amateurs, dans la lignée de ceux promus entre 1993-95 par l’association culturelle Arqueonáutica, inspirés dans le modèle créé par la Nautical Archaeology Society (NAS). Un autre aspect, vis à vis duquel le CNANS atribue une importance majeure, proportionnelle d’ailleurs à sa magnitude dans les plans téchnique, économique, de l’environement et du patrimoine culturel, est lié aux travaux en milieu aquatique ou de l’interface, notamment dans les zones portuaires ou autres à grande tradition historique et donc de significatif potentiel archéologique, et à l’importance croissante qui sont en train d’assumer au Portugal les interventions archéologiques à caractère prospectif-préventif et d’accompagnement dans la perspective de minimisation ou mitigation des impactes negatifs de tel travaux sur le patrimoine nautique et subaquatique. En réalité, bien qu’en cette fin de millénaire l’enfase médiatique se centre sur la recherche océanique à grandes profondeurs, et que très justement, l’une des plus grandes préoccupation de l’humanité soit la protection du patrimoine culturel se trouvant dans ‘la mer à personne’ (d’où l’actualité du projet de convention mondiale pour la protection du patrimoine culturel subaquatique, en cours d’élaboration par l’UNESCO) – une préoccupation que tout État devrait théoriquement partager, bien que, naturellement, il doive s’occuper d’une façon prioritaire de celui qui se trouve sur son propre territoire – ce qui se vérifie en réalité est que la grande majorité de ce patrimoine se situe en eaux peu profondes, dans des zones côtières ou de l’interface. C’est bien dans celui-ci et en particulier dans les zones à grand potentiel sédimentaire, comme les zones portuaires ou lagunaires avec une grande diachronie historique, que l’humanité détient par excellence ses archives du patrimoine nautique. Cependant, face au développement dans ce siècle des techniques des projets de tranformation de l’environement, particulièrement dans des zones riveraines, obligatoire est constater que la grande majorité de ce patrimoine – qui constitue ressource paradigmatiquement non renouvelable – a été irréversiblement détruit. Dans la péninsule ibérique, l’exemple le plus typique de cette situation a étè l’important ensemble d’artefacts de l’Âge du Bronze final récupérés lors des dragages de la ria de Hueva en 1923, clairement correspondant à la cargaison d’un navire dont le contexte archéologique s’est perdi irréversiblement (Alzaga, 1998). Au Portugal, presque la même chose est arrivée près d’un demi-siècle plus tard, en 1970, à l’avant port de Portimão, sur la bouche du fleuve Arade, avec deux navires qui ont été sectionnés par une drague. De l’un on sait qu’il était du XVIe siècle, de l’autre, seulement qu’il avait une coque à clin, n’ayant survécu que quelques registres faits opportunément par des plongeurs amateurs avisés, avant qu’ils aient étè à nouveau ensevelis par la vase (Alves, 1999b). Un cas auquel d’autres se succèdent au début des années 70, comme la découverte des restes d’un navire dans les fondations d’un hôtel en construction à la barre d´Aveiro ou la découverte de la plage de São Martinho do Porto, de laquelle il ne reste aucune documentation archéologique. Situation qui se répeterait à nouveau en 1982 pendant la construction du port de Nazaré. Il est ainsi qu’au Portugal, comme dans n’importe quel endroit au monde, il est une exigence de sauvegarder la part de ce patrimoine qui reste encore en cette fin de millénaire, ce qui implique nécéssairement évaluation scientifique à temps et des moyens pour as réalisation. À ce propos, depuis 1985, la loi de base du patrimoine culturel portugais (nº 13/85, du 6 de Juin) ait souligné la responsabilité financière des promoteurs de travaux susceptibles de mettre en risque le patrimoine archéologique, notamment le patrimoine subaquatique, en vue d’assurer la minimisation des respectifs impacts négatifs sur ce patrimoine (article 41º). Il vaut la peine de réfléchir au principe fondamental de la gestion politico-culturelle qui est sous-jacente aux faits présentés: quiconque payant des travaux qui courent le risque de détruire le patrimoine culturel, doit payer aussi les travaux qui permettent d’éviter un tel risque. Cell-ci semble être une option politico-culturelle incontournable dans la gestion du patrimoine nautique et subaquatique de n’importe quel pays, indépendament de son niveau de développement. Cependant, ce n’est que récemment que l’on a commencé à assister à un vrai tounant de situations, d’habitudes et de comportements dans cet aspect si sensible et décisif pour la sauvegarde de ce qu’il reste du patrimoine archéologique nautique et subaquatique portugais. Ce virage se doit simultanément, comme il a étè dit, aux changements politico-culturels ayant eu lieu au Portugal ces derniéres années, parmi lesquels il faut référer l’implémentation plus rigoureuse de la législation et de la règlementation des évaluations et des études d’impact environnemental. Soulignons que ces diplomes incluent explicitement le composant du patrimoine archéologiquexiii – ce qui s’est traduit progréssivement en bénéfices concrets pour la sauvegarde et gestion du patrimoine nautique et subaquatique, aussitôt que l’esprit et la lettre de la loi se sont renforcés par des instruments de gestion operationels et par une volonté politique bien plus attentive aux aspects culturel et civiques qu’auparavant. Exemple de cette évolution naissante a étè cependant le cas des deux épaves de navires découvertes en 1995 et 1996 pendant les travaux de construction du metro de Lisbonne. Dans les deux cas l’intervention des équipes d’accompagnement archéologique a été essentielle, non seulement due à la phase de sauvetage, mais aussi à celle, préalable, de détection. Le dispositif de supervision de tels travaux, depuis lors exigé par le CNANS, présuppose donc, toujours, si possiblexiv, la réalisation de prospections préalables. Même si la plupart des fois les résultats de ces prospections soit insignifiant ou nul, ce dispositif doit être considéré comme un principe à être observé sans exception, une fois que statistiquement il apporte des résultats positifs, sinon parfois exceptionnels, ce qui en définitif justifie son adoption comme norme. Parmi ces résultats, on ne trouve parfois que des artefacts isolés, comme ce fut le cas de l’insolite découverte d’une plaque d’anfibolite polie en forme de hache, probablement datant du Néolithique, pendant les prospections préalables aux travaux de désensablement et stabilisation de la barre de la lagune d’Óbidos. Dans d’autres cas, les prospections préalables ont permit la découverte d’authentiques contextes de naufrages, c’est à dire les épaves de navires naufragés. Ce fut le cas en 1997 de la découverte des deux restes de navires datant du XVIe siècle, Angra C et Angra D, pendant les prospections archéologiques préventives menées dans le cadre des travaux de construction d’une marina dans la baie de Angra do Heroísmo (Terceira, Açores) (Monteiro & Garcia, 1998). Ces épaves furent par la suite fouillés et intégralement démontés en 1998 sous l’orientation de Peter Waddel du Service de Parks Canada, car elles se situaient dans l’exacte alignement du mur de protection de la marina. Il faut souligner que l’importance du patrimoine archéologique nautique et subaquatique des eaux de l’archipel, et le besoin particulier de promouvoir l’étude immédiate des structures des navires démontés dont les dimensions méritent mention (15x4 e 33x6 m), ont justifié la création en 1999 par le CNANS d’une équipe locale permanente. Un autre cas, plus récent (1999), lié aux prospections préalables et àl’accompagnement de plus d’une vingtaine de fronts de travail dans le cadre de l’installation du système d’assainissement multimunicipal de la ria de Aveiro (SIMRIA). Pendant la prospection du local exact du tracé d’un tubage au canal de Mira, l’équipe du CNANS a découvert, une milla au sud du site de l’épave du XVe siècle, trois indices qui, conjugués, semblent indiqués l’existence d’un éventuel navire à proximité : une large tache de pierres de lest, un fragment de caverne de navire – daté du XVe siècle par le radiocarbone – et des fragments de céramique typique de cette époque. Cette recherche, jusqu’à présent sans résultats, continuera notamment avec le recours de méthodes géophysiques (Alves, 1999e). À ce niveau il faut réferer qu’au Portugal, on n’est pas encore parvenu à assurer une routine de l’utilisation systématique de systèmes de détection géophysique des vestiges archéologiques submergés, ensevelis ou non, associés à des dragages préalables ou en simultanné, comme les cas auxquels Maarleveld se réfère (1989)xv, couramment utilisés aux Pays-Bas, et dont l’éfficacité et rentabilité scientifico-patrimoniale dépendent fondamentalement d’une bonne coordination entre les exécutants des travaux et l’équipe de surveillance archéologique. Finalement il fat référer que jusqu’il y a très peu de temps, au Portugal, de même qu’en Espagne, aucune attention n’était prêtée aux milliers d’artefacts, plus ou moins triturés, mais non moins significatifs, résultant du déchet des dragages. Ces opérations, effectuées normalement sans aucun controle de vérification archéologique, en alimentant des zones de plage ou en jettant les déchets au large, ont résulté dans une pure délapidation de ce patrimoine. D’innombrables collections privées ont ainsi été constituées par des collecteurs habitués, souvent munis de détecteurs de métaux, au détriment du bénéfice public. Ceci malgré le fait que, face à la loi, ces objets appartiennent à l’État, face à la science, ils constituent un vaste réservoir de connaissances et, face au patrimoine national, ils représentent une source inépuisable pour son possible enrichissement et rénovation. Mentionnons simplement que des dragages menés en 1982 dans la baie de Cadix, qui marquent le début d’un accompagnement archéologique de tels travaux, Martí & Gallardo calculent que, malgré les divers milliers de pièces archéologique récupérées, celles-ci ne représenteraient que 5% du total estimé (1998: 149). Pour cette raison, le CNANS, dans les procédures de ce genre qu’il suit et instruit, exige sans exceptions un accompagnement archéologique permanent – qui inclut notamment la vérification systématique des lieux de déposition des déchets. Ce dispositif est largement justifié par l’importance du patrimoine mobile périodiquement découvert – citons à peine comme exemple la sonde en plomb de l’époque romaine, découverte en 1994 à la plage de Careanos entre des sédiments dragués. Dans le futur on prévoit que divers projets d’intervention archéologique de cette nature continueront à être développés dans diverses zones du territoire national, ce qui pourra impliquer une augmentation de la capacité d’intervention, de gestion et/ou d’encadrement et d’orientation du CNANS, ce qui serait impensable et irréalisable uniquement avec ses propres moyens techniques, humains et financiers. Les résultats généraux déjà obtenus par le CNANS et l’augmentation inévitable des opportunités professionnelles dans le domaine de l’archéologie nautique et subaquatique au Portugal – traduit dans l’intervention directe du CNANS ou par l’apparition de nouveaux protagonistes qui pourront surgir du secteur privé (dûment habilités et développant des stratégies adéquates et officiellement approuvées), jettent définitivement à terre deux présupposés essentiels des défenseurs de l’exploitation commerciale du patrimoine subaquatique (‘chasse au trésor’): celui que l’archéologie professionnelle sans but lucratif, ou les entreprises d’archéologie (ne se faisant pas payer par les artefacts récupérés), peuvent atteindre d’incomparables succés scientifiques et simultanémment propicier le développement de leur propre marché de travail, avec son implicite augmentation de ‘masse critique’. Francisco J. S. Alves Centro Nacional de
Arqueologia Náutica e Subaquática
Tel.: +351-1-362 37 99 - Fax: +351-1-363 05 29 Notes
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Publié chez Nordic Underwater Archaeology en décembre 1999.